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septembre 19, 2019 à 8:15 #26552
iThaShieDsu S59ParticipantTravailleuses, travailleurs,
Je commence ainsi tous mes discours parce que j’entends m’adresser à toutes celles et tous ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. J’entends par là aussi, bien sûr, les anciens, les retraités, tous ceux qui se sont fait exploiter toute leur vie durant et qui se retrouvent à vivre avec une retraite de plus en plus réduite par des prélèvements comme la CSG, dont les gouvernements successifs s’ingénient à les accabler. J’entends par là aussi la jeunesse du monde ouvrier qui a de plus en plus de mal à entrer dans la vie active autrement qu’en « galérant » de petits boulots en CDD et d’intérim en CES. Et j’entends par là bien sûr les chômeurs, ces millions de travailleuses et de travailleurs qu’une économie démente condamne à l’inactivité totale ou partielle et à la précarité. Ce sont leurs intérêts que nous voulons défendre dans ces élections, et uniquement ceux-là.
Oui, nous sommes de ceux qui n’ont pas abandonné le langage de la lutte de classes. Car, quoi qu’on en dise, non seulement la lutte de classes existe mais la bourgeoisie la mène avec férocité.
La division de la société en classes a rarement été aussi évidente qu’aujourd’hui. Tout le monde peut constater que le revenu du travail recule de façon catastrophique à cause du chômage, de la généralisation de la précarité et du blocage des salaires, alors que les revenus du capital augmentent de façon scandaleuse.
Les grandes entreprises annoncent toutes, ou presque, des profits insolents. Des fortunes considérables se sont construites en quelques années. Combien d’aventuriers de la bourgeoisie, les Arnault, les Pinault, les Bolloré et LES CHINOIS, se sont bâti des empires en rachetant des entreprises à vil prix, en taillant dans les effectifs, en transformant des travailleurs en chômeurs, avec l’encouragement des pouvoirs publics . Des encouragements sonnants et trébuchants car, en général, c’est l’État, à coups de subventions, d’aides, qui permet aux margoulins du grand capital de transformer les entreprises en faillite en entreprises profitables.
Mais c’est l’ensemble de la bourgeoisie qui a connu, au cours des dernières années, une période d’enrichissement comme rarement dans son histoire.
Les grandes dynasties bourgeoises affichent depuis plusieurs années un accroissement annuel de 20, de 30 %, voire plus, de leurs fortunes. Mais, même la piétaille de la classe privilégiée a profité de ces années, qui ont été si dures pour la classe ouvrière.
Entre les profits élevés des entreprises, l’enrichissement d’une minorité privilégiée et la dégradation de la situation du monde du travail, le lien est direct. C’est au nom de la rentabilité financière que les grandes entreprises licencient ou suppriment des emplois.
C’est en annonçant sa volonté de doubler ses profits et le rendement de ses actions que la société pétrolière Elf, par exemple, a décidé la suppression de près de 2000 emplois, dont 800 dans la ville de Pau.
Et, parmi les travailleurs jetés à la rue, il y a aussi bien des ouvriers et des techniciens que des ingénieurs, des informaticiens hautement qualifiés. Ce qui, j’en profite pour le dire, répond à la question que l’on nous pose si souvent, celle de savoir qui fait partie de la classe ouvrière. Eh bien, Elf apporte la démonstration que, pour le patronat, des manoeuvres aux ingénieurs, nous ne sommes tous que de la chair à profit, jetés dehors dès qu’il estime que c’est son intérêt. Voilà pourquoi tous ceux qui cherchent à nous diviser sont nos ennemis.
On nous dit que nous vivons en démocratie. On élit le Président de la République, des députés et des maires. Mais, depuis le jour où Elf a décidé souverainement de supprimer plusieurs centaines d’emplois et de fermer une usine comme on claque une portière de voiture, les députés et les maires de la région, quel que soit leur bord politique, en sont réduits à signer des pétitions et à acheter des placards publicitaires dans les journaux pour expliquer les conséquences catastrophiques des projets d’Elf-Aquitaine pour la ville de Pau et pour toute la région, en avouant leur impuissance. Car la décision n’appartient pas aux élus. Elle appartient à un conseil d’administration au fonctionnement occulte, qui n’est ni élu ni responsable devant personne, sauf devant les gros actionnaires de sa société. Et il en va de même pour Renault, Peugeot-Citroën, Michelin, Alcatel, Usinor et bien d’autres parmi toutes les grandes entreprises du pays.
Eh bien oui, c’est ce pouvoir-là qu’il faut ôter au patronat !
Comment ne pas être écoeurés dans ces conditions d’entendre François Hollande, tête de liste du Parti Socialiste, déplorer dans un discours électoral l’attitude de la société Elf et faire mine de compatir avec les futurs licenciés.
Mais son parti est au pouvoir ! Pourquoi donc Jospin n’interdit-il pas à la société Elf et aux autres de licencier ?
Contre les catastrophes naturelles, il y a des plans Orsec. L’État se donne les moyens d’intervenir en faveur d’une région sinistrée ou qui est menacée de l’être. Alors, pourquoi le gouvernement n’intervient-il pas pour empêcher le sinistre qu’un conseil d’administration irresponsable se prépare à provoquer ? C’est de la non-assistance volontaire à personnes en danger !
Le coût du maintien des emplois ne représente qu’une petite fraction des profits gigantesques de la société Elf. Et ce serait tout de même un usage de l’argent plus conforme aux intérêts de la société, que de le dépenser à acheter des hommes politiques, des ministres et de nourrir avec l’argent de la corruption un petit milieu que la présence de hauts personnages de l’État ne rend pas moins nauséabond !
Et au moins, il y aurait alors moins de « maquereaux de la république » !
Voilà la cause du chômage. Voilà pourquoi six millions de femmes et d’hommes dans ce pays sont condamnés à survivre avec des minima sociaux. Et encore, quand on a 25 ans car, avant, un jeune n’a droit à rien. Voilà comment on nous fait revenir des dizaines d’années en arrière, sur le plan moral comme sur le plan matériel. Voilà comment la misère se généralise. Pendant que la Bourse et les banques jonglent avec les milliards, on transforme les travailleurs en chômeurs, les chômeurs en pauvres, et un nombre croissant de pauvres jetés à la rue perdent jusqu’au toit au-dessus de leur tête.
Mais l’accroissement du chômage signifie, aussi, une pression plus grande sur ceux qui travaillent. Il signifie que le nombre de ceux qui sont en situation de prendre le patronat à la gorge diminue. Ce sont le chômage et la pression qu’il exerce qui mettent le patronat en situation d’aggraver les conditions de travail, de contourner, puis de vider de sens ce qui, dans la législation sociale, protège un peu les travailleurs.
Les chômeurs qui protestent pour se défendre ont raison de le faire. Mais on ne pourra faire reculer le patronat et le gouvernement, sur le problème du chômage, que si ceux qui travaillent et produisent se mettent en lutte. Car, les bourgeois ont beau faire et défaire des fortunes à la Bourse, la richesse qu’ils se partagent vient de la production, c’est-à-dire de l’exploitation, des travailleurs.
Et le chômage favorise dans les classes populaires et parmi les laissés-pour-compte la montée du désespoir et la démoralisation. Et ce qui est peut-être pire, cela favorise par là même la montée des idées réactionnaires, des idées racistes, des croyances irrationnelles, de l’intégrisme religieux, qui sont non seulement réactionnaires et stupides mais divisent les travailleurs entre eux et les détournent du véritable combat à mener.
Mais je suis sûre que nous avons encore les moyens de changer le rapport des forces. La classe ouvrière a reçu des coups graves sur le plan matériel comme sur le plan de la conscience politique mais elle n’a pas subi de défaite grave.
Le gouvernement de la gauche plurielle mène exactement la même politique anti-ouvrière que ses prédécesseurs de droite. Les dirigeants du Parti Communiste me reprochent de mettre dans le même sac le gouvernement de Jospin et celui de Juppé.
Non, je ne les mets pas dans le même sac ! Les Juppé, les Sarkozy, sans parler de ceux qui sont plus à droite encore qu’eux, sont les porte-parole naturels des possédants grands et petits. Ils sont ouvertement réactionnaires et anti-ouvriers, mais ceux qui les élisent le font en connaissance de cause. Mais Jospin, lui, est au gouvernement parce qu’il a bénéficié, directement ou par l’intermédiaire du Parti Communiste, des votes des travailleurs ! Il est d’autant plus indigne et révoltant que le gouvernement de Jospin soit aussi à plat ventre devant le grand patronat, aussi servile pour défendre les intérêts de la bourgeoisie, aussi anti-ouvrier dans les mesures qu’il prend, que le gouvernement de Juppé !
Dans sa campagne électorale officielle, le Parti Socialiste a le culot de dénoncer l’Europe des 18 millions de chômeurs et des 50 millions de pauvres. Mais qu’est-ce que le gouvernement de la gauche plurielle, socialistes, communistes et Verts, a fait ici en France pour mettre fin au chômage ? Pas grand-chose ! Les emplois jeunes ont permis à 170 000 jeunes de sortir de la galère et c’est tant mieux pour eux. Mais ce sont des emplois provisoires et surtout, en quantité dérisoire par rapport à l’ampleur du chômage. Et cela s’arrête là.
Malgré les affirmations d’une campagne médiatique tapageuse, le chômage ne diminue que dans les statistiques manipulées, alors que la précarité augmente.
Pire, en acceptant les plans de suppressions d’emplois du patronat, le gouvernement encourage les grandes entreprises à fabriquer des chômeurs. Il a lui-même aggravé directement le chômage, en reprenant à son compte la politique de la droite, consistant à réduire les effectifs et les crédits de la santé, de l’éducation, des transports publics.
Et le reste est à l’avenant. La gauche plurielle a fait plus de privatisations que les gouvernements Balladur et Juppé réunis et continue à démanteler les services publics indispensables à la population.
Il diminue les remboursement de la Sécurité sociale et se prépare à s’attaquer aux retraites. Avant les élections législatives, la gauche avait promis de réduire la TVA augmentée par la droite. Elle n’a pas tenu sa promesse.
La loi Aubry sur les 35 heures est un bon exemple. La première loi a déjà été un cadeau pour le patronat, puisqu’elle lui donne la possibilité d’imposer une flexibilité accrue des horaires de travail, c’est-à-dire le droit pour le patron d’imposer les horaires qu’il veut, sans même payer des heures supplémentaires. Non seulement cela ne créera pas d’emplois, mais cela aboutira au contraire à en supprimer, puisque le but de l’opération est de permettre au patronat de faire face aux à-coups de la production sans avoir à embaucher. Et voilà qu’avec la deuxième loi, le gouvernement va réduire les charges sociales sur les salaires inférieurs à 12 000 francs par mois. Et comme les patrons continuent à se plaindre, sachant qu’ils sont écoutés, les cadeaux ne s’arrêteront sans doute pas là.
Les seuls à qui on ne fait pas de cadeau, ce sont les travailleurs.
Cela fait plus de vingt ans que tous les gouvernements ont multiplié les diminutions de charges sociales ou les dégrèvements fiscaux aux patrons, sous prétexte de les « inciter » à créer des emplois. Cela ne marche pas. Tout le monde peut le constater. Mais le gouvernement Jospin continue dans cette voie-là, parce qu’il est moins préoccupé de lutter contre le chômage que de permettre aux capitalistes de s’enrichir davantage.
Voilà pourquoi, après deux ans de gouvernement « gauche plurielle », les riches sont encore plus riches, et les pauvres encore plus nombreux.
Et les gens qui mènent cette politique voudraient que les travailleurs votent pour eux ! Mais ils se moquent de nous !
Alors oui, il faut arrêter tout cela et obliger le gouvernement à changer de politique.
La raison d’être principale de notre liste est de permettre aux travailleurs, à l’électorat populaire, qui en ont assez, qui n’acceptent plus la politique qu’on leur impose, de se prononcer sur un ensemble de mesures d’urgence susceptibles de mettre fin au chômage.
Ces mesures sont évidentes :
Il faut interdire aux grandes entreprises les licenciements, sous peine d’expropriation immédiate sans indemnité ni rachat.
Il faut que l’État cesse de supprimer des hôpitaux, des maternités de proximité et des dispensaires. Il faut qu’il cesse de supprimer des lignes de chemin de fer, qu’il cesse de fermer des classes dans les écoles. Il faut qu’il cesse d’appliquer aux services publics la notion de rentabilité qui est un non-sens pour l’éducation, nuisible dans les transports et révoltante dans le domaine de la santé !
Au lieu de diminuer les effectifs des services publics, il faut au contraire que l’État embauche partout où il y a des sous-effectifs dramatiques. C’est l’intérêt des travailleurs des services publics. Mais c’est aussi l’intérêt de tous les usagers, c’est celui de l’écrasante majorité de la population.
Et puis, depuis des années, la construction de logements populaires stagne ou recule. On ne peut pas tolérer qu’il y ait autant de mal-logés et de sans-logis. Le droit au logement est le droit à la vie. Des parents qui abandonnent un enfant, c’est ignoble, mais c’est souvent le fruit de la misère et de la déchéance, et cet acte est condamné lourdement par les tribunaux, surtout d’ailleurs quand c’est la mère qui est en cause. Mais un pays, un gouvernement qui livre des centaines de milliers de ses enfants à la rue, aux taudis, doit être condamné bien plus : c’est bien pire qu’un préfet qui fait brûler une paillote, et pourtant cela n’indigne ni la droite ni la gauche, et personne ne dépose de motion de censure sur l’absence de politique en faveur des mal-logés.
Il faudrait que l’État prenne en charge, sans passer par des vautours de l’immobilier, la construction de logements, et d’ailleurs de tout ce qui va avec, comme les équipements collectifs, des locaux pour les jeunes, etc.
Il faut qu’il embauche lui-même des maçons, des architectes, des manoeuvres, des techniciens et sans verser au passage de quoi enrichir des propriétaires, des promoteurs ou des sociétés immobilières.
Alors oui, il y a de quoi faire. Il y a de quoi employer toutes les catégories de travailleurs, des manoeuvres aux plus diplômés. Et qu’on ne nous dise pas qu’il n y a pas d’argent, qu’il est déjà difficile d’équilibrer le budget comme cela !
L’État pourrait dégager immédiatement des centaines de milliards rien qu’en arrêtant toutes les subventions, toutes les aides que le gouvernement, les régions, les départements, les municipalités versent à des capitalistes pour qu’ils veuillent bien créer ces emplois qu’ils ne créent pas !
La fiscalité est un véritable scandale. L’impôt sur le revenu, le seul impôt un peu proportionnel, vient dans les recettes de l’État très loin derrière la TVA et la CSG. Quant à l’impôt sur les grandes fortunes, il rapporte moins que la redevance télé… Rarement n’a été aussi vraie la parole de l’Internationale : « L’impôt saigne le malheureux » !
Alors, ce sont les revenus du capital qu’il faut imposer lourdement et c’est la TVA sur les articles de première nécessité qu’il faut supprimer.
Au lieu de diminuer les dépenses de la Sécurité sociale, y compris celles qui sont indispensables, il faut rétablir ses ressources en ramenant les cotisations patronales à leur niveau antérieur bien plus élevé. Il faut supprimer la CSG sur les bas salaires et les retraites. Il faut, en revanche, l’étendre en particulier aux gros revenus du capital et même avec une forte progressivité.
Toutes ces mesures sont de simples mesures de survie. Mais ces revendications, même satisfaites, resteraient sans lendemain si l’on n’imposait pas des mesures qui en garantissent l’efficacité et la durée et qui réduisent rapidement le chômage.
Il faut rendre publics la comptabilité de toutes les grandes entreprises et les comptes de leurs gros actionnaires. Il faut que l’on sache ce qu’elles gagnent, ce qu’elles paient et à qui. Que l’on puisse voir quelle est la part des salaires, quelle est la part des profits, combien les entreprises paient de dividendes aux actionnaires, combien elles versent aux banques. Cela permettrait de mettre au grand jour toutes leurs petites filouteries mais aussi de couper le robinet de la corruption.
Il faut enlever au grand patronat ce droit souverain de disposer comme il l’entend de l’argent et des profits qui résultent du travail de milliers et de milliers de travailleurs.
Ce serait une atteinte à la liberté d’entreprendre ? Ces gens-là crient à la politique autoritaire dès qu’on veut leur imposer quelques règles, voire leur faire payer le peu d’impôts qu’ils doivent ! Mais quand un patron ferme son entreprise et licencie, avec des conséquences dramatiques pour ses ouvriers, voire pour toute une ville, n’est-ce pas une mesure d’autorité ? Quand le gouvernement et le patronat imposent le blocage des salaires, ce n’est pas une mesure d’autorité ? Pourquoi ne pas bloquer les revenus du capital pour ne pas bloquer les salaires ?
Ces gens-là décident sans contrôle de la vie des autres. Protégés qu’ils sont par le secret commercial, ils volent les consommateurs et l’État. Tout cela pour eux, c’est la démocratie. Et toucher à tout cela, c’est de l’autoritarisme insupportable. Mais quand cela va mal pour eux, ils sont les premiers à s’adresser à l’État.
Eh bien oui, il est grand temps d’imposer au grand patronat des mesures d’autorité pour l’empêcher de ruiner la société en aggravant le chômage.
Et ce n’est pas un simple programme électoral, ce sont surtout des objectifs pour la lutte des travailleurs. Car toute l’histoire du passé en témoigne : personne ne fait de cadeau aux travailleurs, et tout ce que nous avons obtenu d’important, c’est toujours par la lutte que nous l’avons imposé !
Et nous avons les mêmes objectifs pour l’Europe et pour le pays.
Car, le problème essentiel pour les 150 millions de travailleurs d’Europe n’est pas de savoir comment rendre moins mauvaises les institutions européennes actuelles, tout en les conservant, ou s’il faut entretenir une armée européenne contre les peuples, mais comment mettre fin au chômage et à la dégradation des conditions d’existence des travailleurs.
A l’échelle du pays, comme à l’échelle de l’Europe, le seul moyen de résorber le chômage, c’est d’obliger le patronat à consacrer une partie de ses profits à financer la création du nombre d’emplois utiles qui manquent.
Mais, bien sûr, nous avons d’autres revendications à défendre.
Aujourd’hui, par exemple, les patrons jouent sur les différences de salaires entre les différents pays d’Europe pour diviser, pour brandir la menace de la délocalisation. Ce n’est que du chantage ! Mais la seule façon d’en prendre le contre-pied, c’est de se battre pour aligner les salaires minima partout en Europe sur le niveau le plus élevé et unifier partout la législation du travail et les avantages conventionnels au niveau le plus intéressant pour tous.
Nous revendiquons également la suppression de toutes les inégalités, de toutes les ségrégations, en fonction des origines ou de la nationalité. Nous revendiquons les mêmes droits pour tous les travailleurs, nés en Europe ou immigrés, et la régularisation de tous les sans-papiers. Nous sommes tous des descendants d’immigrés, il suffit de remonter assez loin. La classe ouvrière de France est formée de travailleurs de toutes origines. Dans les usines, dans les bureaux ou sur les chantiers, ils produisent tous pour la même économie et ils sont exploités par les mêmes capitalistes, quelle que soit leur langue ou la couleur de leur peau. La minorité de parasites qui exploitent les travailleurs, voilà les seuls étrangers au monde du travail !
Nous combattons, bien sûr, aussi la discrimination en fonction du sexe, en revendiquant l’égalité réelle des salaires et en nous opposant à toutes les dispositions juridiques et à toutes les difficultés économiques qui interdisent le droit élémentaire pour les femmes, de disposer de leur corps, de bénéficier de l’interruption volontaire de grossesse si elles le souhaitent.
Toutes ces revendications visent à unifier les conditions de salaire et les conditions d’existence de l’ensemble des travailleuses et travailleurs d’Europe et, par là même, à contribuer à ce que tous ceux de l’Union européenne sentent qu’ils font partie d’une même classe ouvrière.
Car la clé de l’avenir se trouve dans la capacité de la classe ouvrière d’Europe à reprendre confiance en elle-même, à retrouver la combativité pour contester le pouvoir sans contrôle du grand patronat sur l’économie.
L’Europe qu’ils ont construite n’est pas faite pour les travailleurs. Elle est conçue pour accroître les profits des multinationales européennes sur le dos de leurs propres salariés, mais aussi sur la misère des peuples des pays les plus pauvres et du Tiers Monde.
Sur le dos des consommateurs aussi, comme vient de le rappeler l’affaire de ce nouveau produit de grande consommation lancé sur le marché européen qu’est le poulet à la dioxine. Après la tortueuse histoire de la vache folle, cette nouvelle affaire rappelle que les réglementations tatillonnes des institutions européennes en la matière visent surtout à harmoniser les conditions de concurrence entre trusts agro-alimentaires et nullement à protéger les consommateurs contre la soif de profit de ces trusts. Et voilà maintenant que ça continue avec la viande de porc. Pour faire un peu plus d’argent, ces gens-là sont prêts à jouer avec la santé des consommateurs. Et pour cacher leurs forfaits, ils se réfugient derrière le secret des affaires ! Alors, il n’y a aucune raison de les laisser nous empoisonner !
Et puis, leur Europe, c’est aussi ce qui se passe dans l’ex-Yougoslavie.
Je ne répéterai pas ce que vient de dire Alain Krivine sur le Kosovo. Contrairement à tous les va-t-en-guerre réunis dans une honteuse union sacrée, droite et gauche confondues, nous nous sommes élevés dès le début à la fois contre l’infamie de l’épuration ethnique de Milosevic et contre le bombardement de la Serbie et du Kosovo par les grandes puissances. Si ces grandes puissances avaient consacré tout l’argent qu’elles ont dépensé en missiles, en bombes, en avions ou en navires de guerre, à sortir les Balkans de la pauvreté et du sous-développement ; si elles n’avaient pas joué tout au long du passé les pires forces nationalistes les unes contre les autres, cette région de l’Europe n’en serait pas où elle en est.
Je ne sais pas à quoi vont aboutir les négociations engagées pour mettre un terme à la guerre. Ce que je sais, c’est qu’il y a eu des milliers de morts et que certaines villes de la Serbie ont été transformées en champs de ruines ; que le Kosovo, que les grandes puissances prétendaient aider, offre l’image d’un paysage lunaire où ce qui reste des Serbes comme des Kosovars albanophones tente de survivre dans les décombres.
Ce que je sais, c’est que les ponts, les bâtiments, les infrastructures détruits, feront la fortune de tous les Bouygues d’Europe et d’Amérique, qui se jettent déjà comme des chacals sur les contrats de reconstruction. Mais cela se fera en endettant à mort une Serbie et un Kosovo déjà pauvres. Quant à l’Albanie, la Macédoine ou le Monténégro, plus pauvres encore, ils n’auront même pas la possibilité de s’endetter, car personne ne pense qu’ils puissent rembourser un jour. Les grandes puissances qui ont obligé ces pays à supporter, seuls, le fardeau de l’accueil des réfugiés, les laisseront plus démunis que jamais.
Ce que je sais c’est qu une partie de ces centaines de milliers de réfugiés kosovars que les grandes puissances ont refusé de recevoir chez elles ne pourra pas rentrer au Kosovo. Car si les grandes puissances enverront des troupes au Kosovo, elles continuent à dénier aux habitants de cette région le droit de disposer de leur destin collectif, y compris le droit à l’indépendance s’ils le souhaitent.
Ce que je sais enfin, c’est que tous les pays des Balkans mettront des années à se remettre matériellement, politiquement, de la situation catastrophique que la prétendue « aide » de l’Occident impérialiste n’a fait qu’aggraver.
Alors, je ne peux éprouver qu’une indignation sans borne contre le tandem Chirac-Jospin qui a mené cette guerre en compagnie de ses compères des autres grandes puissances ; je ne peux ressentir que du mépris pour les politiciens qui l’ont soutenu et justifié, de la droite à la gauche, en passant par les Verts qui ne sont pacifistes que lorsqu’il n’y a pas de guerre.
Quant à l’unification de l’Europe, oui, en tant que communistes, en tant qu’internationalistes, nous sommes pour ; et pas seulement pour la partie occidentale de l’Europe. Nous sommes pour les États-Unis socialistes d’Europe, mais sous ce vocable, nous n’entendons pas cette coalition de gouvernements socialistes qui, de Jospin à Tony Blair, ne feront évidemment pas mieux à l’échelle de l’Europe que la politique anti-ouvrière qu’ils font chacun chez eux.
Nous sommes pour une Europe sans frontières, ce qui est tout à fait compatible avec la plus grande décentralisation régionale, voire locale. Comme c’est compatible avec le droit de chaque peuple à gérer ses propres affaires. Et en parlant de peuples, je ne pense pas au découpage actuel du continent où les frontières résultent d’un passé de guerres, de massacres ou d’épurations ethniques. Une Europe vraiment unifiée pourrait permettre à des peuples dispersés aujourd’hui entre plusieurs États de constituer des communautés uniques, décidant de leur propre destinée, tout en faisant partie d’une communauté européenne plus vaste qui mettrait ses ressources à la disposition de chaque communauté.
Nous sommes pour une Europe véritablement démocratique, ce qui implique le contrôle du bas vers le haut, ainsi que l’élection et la révocabilité de tous les responsables à tous les niveaux et à tout moment.
L’Europe, aujourd’hui, n’est pas démocratique, car derrière les institutions, européennes comme nationales, le véritable pouvoir appartient à des groupes financiers et industriels que personne ne contrôle.
Travailleuses, travailleurs,
Le principal intérêt des élections du 13 juin est de permettre à l’électorat populaire de donner son avis sur la politique du gouvernement, comme sur la politique de ceux qui aspirent à gouverner demain. Pas un travailleur conscient ne peut accorder son vote à l’une ou l’autre des listes de droite, car voter pour elles, serait voter directement pour son patron. A bien plus forte raison, même coupée en deux entre les frères siamois Le Pen-Mégret, l’extrême droite représente la pire menace pour les travailleurs comme pour la société.
Mais voter pour les listes de la « gauche plurielle », sous prétexte de voter contre celles de la droite ou de l’extrême droite, ce serait approuver toute la politique que Jospin a reprise à Juppé et Balladur.
Les campagnes électorales poussent ceux qui gouvernent à promettre de faire demain ce qu’ils n’ont pas fait hier et ne font pas aujourd’hui. Le Parti Socialiste parle comme s’il était dans l’opposition et clame sa volonté d’une Europe sociale avec moins de chômage. Le Parti Communiste et les Verts, autres composantes du gouvernent, affirment que désormais, ils feront entendre leurs différences, tout en restant au gouvernement.
Mais la culture de la différence, ce n’est qu’un moment à passer, le temps d’une campagne électorale. Après, ce sera ou l’unanimité, ou le silence complice, et des ministres, et des députés.
Et je voudrais m’adresser plus particulièrement à la jeunesse. Tout d’abord à la jeunesse ouvrière à qui la société actuelle ne laisse pas d’autre espoir qu’une vie d’exploitation. Et pour qui même cette vie d’exploitation, c’est-à-dire avoir un travail, apparaît bien souvent comme un rêve inaccessible.
Mais je dis à cette jeunesse ouvrière que les paradis artificiels ou la violence stérile ne constituent pas une échappatoire. Pas plus que n’en constituent le repliement ethnique ou religieux ou la fausse solidarité démagogique des intégrismes divers.
Nous disons aux jeunes travailleurs, aux jeunes chômeurs : « Si vous ne voulez pas subir cette société, vous n’avez qu’un seul choix : agir pour la transformer ».
Il n’y a pas d’autre moyen de combattre la misère matérielle et la pourriture morale imposées par la société capitaliste que la solidarité ouvrière, la solidarité de classe, contre l’exploitation capitaliste et toutes ses conséquences dégradantes.
Et c’est dans ce combat pour l’avenir que les jeunes travailleurs trouveront la dignité : la dignité d’appartenir à la classe sociale qui fait marcher la société aujourd’hui et qui, seule, a la force et les moyens de la transformer demain.
Et c’est dans un parti luttant pour l’émancipation de la société qu’ils pourront aussi échapper au « chacun-pour-soi » et trouver la fraternité et la culture que la société actuelle leur refuse.
Mais nous nous adressons aussi à la jeunesse tout court, y compris aux intellectuels, aux étudiants, à ceux chez qui la loi de la jungle sociale n’a pas tué l’idéalisme, la sensibilité aux injustices, le désir de faire de sa vie quelque chose d’utile pour les autres.
Eh bien, je leur dis, à tous ces jeunes : « Rejoignez-nous, rejoignez le combat pour l’émancipation du monde du travail ».
Pour caricaturer nos idées, on nous reproche de préparer on ne sait quel grand soir. Mais ce que nous voulons pour l’immédiat, c’est que la classe ouvrière redevienne une force politique pour pouvoir peser sur la vie politique en fonction de ses intérêts qui sont ceux de toutes les classes populaires.
Il faut que ce parti soit présent dans les grandes entreprises, dans les petites, dans les quartiers populaires, dans les lycées, dans les collèges. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra exprimer les aspirations de la population et en même temps, défendre l’idée d’un changement social véritable.
La bourgeoisie, le patronat sont représentés par une multitude de partis. Ces partis peuvent témoigner un intérêt plus ou moins grand, et surtout plus ou moins sincère, pour les travailleurs. Mais, une fois au gouvernement, ils mènent la politique que souhaite le grand patronat, comme on a pu le vérifier à travers tous les changements de gouvernement de ces vingt dernières années.
Alors oui, il faut que la classe ouvrière utilise sa force, c’est-à-dire son nombre et plus encore sa position irremplaçable dans l’activité économique, pour peser sur la vie politique et sur la vie sociale.
Mais, seul un parti qui n’a pas d’attache avec le patronat, qui n’a pas peur de s’en prendre au fonctionnement même de l’économie capitaliste, à la propriété privée des grandes entreprises et des banques, peut représenter avec conséquence même les intérêts les plus quotidiens du monde du travail.
C’était cela le rôle du Parti Socialiste au début de ce siècle, c’était cela le rôle que s’était assigné le Parti Communiste à sa naissance.
Mais l’exemple du Parti Socialiste et du Parti Communiste montre que les partis qui cessent d’être révolutionnaires, qui abandonnent la volonté de lutter pour la transformation de la société, deviennent des soutiens de cette société et des serviteurs du capital.
On ne peut agir dans le sens du simple progrès social que si on reste révolutionnaire.
Alors oui, il faut aux travailleurs un véritable parti communiste révolutionnaire !
Robert Hue nous accuse depuis le début de la campagne de vouloir l’affaiblissement du Parti Communiste. Mais ce sont lui-même et sa politique d’alignement suicidaire derrière le gouvernement socialiste qui affaiblissent son parti. Et ce n’est pas en affadissant son programme et en s’éloignant encore plus des classes laborieuses que le Parti Communiste regagnera son influence électorale et surtout le crédit dont il disposait parmi les travailleurs.
Si notre liste, présentée par deux organisations d’extrême gauche disposant de forces militantes très inférieures à celles du PC, obtenait dans ces élections des scores proches de ceux du PC, ce serait la démonstration qu’en défendant la même politique radicale contre le patronat et le gouvernement, le PC ne s’isolerait pas mais, au contraire, se renforcerait !
Travailleuses, travailleurs, et vous qui êtes au chômage,
Contre la catastrophe du chômage, le principal fléau qui touche ou menace la majorité de la population, il faut des mesures radicales avant tout contre ceux qui sont responsables de la situation et en profitent.
Le gouvernement socialiste, communiste et Vert avait promis de faire mieux que la droite et il a fait comme elle.
Il a laissé au grand patronat le pouvoir de ruiner, en fermant une usine, toute une ville, une région et des milliers de familles.
Il a privatisé encore plus que Balladur et Juppé réunis, d’où des licenciements en plus.
Pour diminuer les impôts des riches, il laisse les hôpitaux, l’éducation nationale, les transports en commun dans une quasi-misère.
Il diminue les prestations de la Sécurité sociale et il s’attaque aux retraites.
Sa loi sur les 35 heures crée moins d’emplois qu’elle n’en supprime, par la flexibilité des horaires de travail.
Résultat, les riches sont encore plus riches et les pauvres encore plus nombreux.
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